Marché du transport 09.11.2018
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Qui est responsable de la sécurisation du chargement à l’intérieur du camion ?

L’expert en sécurisation du chargement nous donne quelques conseils dans une interview exclusive

La sécurisation du transport dans le secteur routier

Erkrath, le 9 novembre 2018 - Selon la fédération Gesamtverband Deutscher Versicherer (GDV - Association des assureurs allemands), 70 pour cent des camions qui circulent sur les routes d’Allemagne ne sont pas bien ou pas suffisamment assurés. La sécurisation du transport est toutefois imposée par le Code de la route (StVO) et le Code de commerce (HGB) allemands. Mais qui en est responsable : Le transporteur, le chauffeur ou le chargeur ? Et qu’y a-t-il de plus important dans la sécurisation du chargement ? Alfred Lampen, expert, formateur et auteur d’ouvrages sur le thème de la sécurisation du chargement dans le secteur logistique, nous donne de précieux conseils. 

 

En quoi consiste la sécurisation du chargement ?

Il s’agit, en priorité, de s’assurer que la marchandise reste sur le véhicule, que personne ne soit blessé et que la marchandise ne soit pas détériorée.


Selon la GDV, un accident sur cinq dans le trafic des poids lourds est un « accident provoqué par la perte du chargement ». Ces pertes de chargement sont à l’origine de près de 1600 accidents graves par an sur les routes allemandes et se chiffrent à des centaines de millions d’euros. Que peut-on faire contre une sécurisation insuffisante du chargement ?

Le chargeur joue un rôle majeur. Supposons que le chauffeur se présente sur le lieu de chargement avec un véhicule non adapté au chargement en question, un véhicule en mauvais état ou sans sangles d’arrimage. La marchandise est tout de même chargée et arrive détériorée chez le client. Le client est mécontent, c’est mauvais pour les affaires et ce n’est pas non plus dans l’intérêt du chargeur. Et cela peut même être désastreux si des vies sont en jeu. Par exemple, si des bobines de papier ne sont pas sécurisées. Une bobine pèse plusieurs tonnes. En cas de freinage brusque, la bobine, ou toute autre marchandise, peut devenir incontrôlable en raison de la force centrifuge. La marchandise tombe sur la route ou est catapultée vers l’avant. Les conséquences sont fatales.

Ce chargement aurait dû faire l’objet d’instructions du chargeur indiquant la nécessité de prévoir des tapis antidérapants et des sangles pour sécuriser le chargement d’une certaine manière. Le transporteur ou le fournisseur aurait ensuite dû garantir la mise à disposition de ces dispositifs de sécurisation pour obtenir le contrat.

 

Ce type d’instructions est-il courant ? Et si oui, qui contrôle le respect de ces instructions ?
De nombreux chargeurs ou clients de l’industrie et du commerce n’ont pas encore totalement conscience de leur responsabilité en la matière car ils ne disposent pas de toutes les informations nécessaires. D’autres, en revanche, procèdent déjà à de nombreux contrôles : L’industrie chimique, notamment, a des exigences très strictes. Des instructions très précises doivent être respectées avant de laisser partie le camion.

 

Où obtenir les informations sur la bonne sécurisation du chargement ?

Vous trouverez des documents sur ce thème auprès de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) ou auprès de l’Association Française du Transport Routier International (AFTRI). Vous pouvez également vous informer auprès des syndicats de transport et de logistique.

Le chauffeur doit avoir conscience qu’il se met déjà lui-même en danger puisque le chargement est juste derrière lui. En cas de freinage brusque, le chargement est projeté vers l’avant. Le chauffeur est alors le premier à être touché. Mais il met également les autres usagers le route en danger lorsqu’un chargement non arrimé tombe ou est projeté sur la route ou sur les autres véhicules. S’il prend conscience de ces risques, le chauffeur attachera davantage d'importance à la sécurisation de son chargement. Il est notamment essentiel de sécuriser tous les espaces situés à 'lavant.  Ces informations doivent impérativement être communiquées lors des formations.

 

Le commissaire d’avarie que nous avons interviewé nous a également expliqué que les avaries de transport pouvaient également être provoquées par des emballages défectueux. Existe-t-il des exemples pour lesquels des emballages défectueux sont à l’origine d’une impossibilité de sécuriser le chargement ?
Un produit fixé sur une palette mais qui ne remplit par toute la palette, par exemple. Lorsque le film d’enrubannage est trop lâche autour des emballages en carton. Ou lorsque les palettes mais pas les colis qu’elles contiennent sont proches les unes des autres, en cas de freinage brusque, les colis glissent les uns contre les autres. Ceci peut notamment entraîner une déformation des bidons en plastique provoquant une explosion du bouchon due à la pression et un écoulement du liquide ou des matières dangereuses.


Existe-t-il quelque chose comme les 5 règles fondamentales à respecter pour sécuriser un chargement ?

  1. L’espace situé à l’avant doit être bloqué par un tablier ou une boucle de tête et des palettes et le frottement augmenté par l’utilisation de tapis antidérapants.
  2. Si je transporte un chargement susceptible de se renverser, tel que des bobines de papier transportées verticalement, je dois prévoir un système de protection anti-bascule. Le basculement peut être évité grâce à des glisseurs d’arêtes et des dispositifs d’arrimage spécifiques.
  3. S’il s’agit d’un chargement impossible à arrimer, tel que des emballages Tetra Pak, je dois utiliser un véhicule dont la stabilité est certifiée. Si ce n’est pas le cas, je dois refuser le chargement.
  4. La surface de chargement doit avoir été balayée. Comme le montre l’exemple d’un chargement de granulés : Le sac est déchiré, les granulés s’éparpillent et le chargement suivant est posé dessus. Le chargement est alors comme sur des roulements à billes. Conclusion : Il faut passer le balai régulièrement.
  5. Un autre point essentiel est la communication entre donneurs et preneurs d'ordre : Lorsque le transporteur sait quels dispositifs de sécurisation il doit emmener, il peut s’y préparer. C’est au chargeur de donner les premières instructions.

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