News 14.01.2022
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Post-Brexit : Formalités douanières, cabotage, permis de travail prolongé. Qu’est-ce qui va changer en 2022 ?

TIMOCOM ose prédire l’avenir avec ses clients

Un jeune homme regarde dans une boule de cristal qu’il tient dans sa main. Elle révèle un camion portant le drapeau britannique

«Le Brexit ne nous a pas été bénéfique», tel est le triste bilan tiré par Chris Hall, European Manager de l’affréteur britannique UKI Express Transport LTD lors d’un échange avec TIMOCOM. Le fidèle compagnon du Brexit porte le nom d’«Incertitude». En parallèle à nos activités quotidiennes, nous devons réapprendre à interagir avec les autorités douanières de nos voisins européens en raison des nombreuses spécificités applicables, et nous devons compenser la pénurie de chauffeurs et les difficultés d’approvisionnement. Lors des entretiens avec des utilisateurs de TIMOCOM tels que Chris Hall, il apparaît clairement que: Rien ne laisse présager une amélioration durable de la situation pour les entreprises issues du secteur du transport et de la logistique,dans un avenir proche.

Passage à la nouvelle année 2020/2021: Les débuts chaotiques d’une nouvelle ère commerciale

Près de 50 pour cent de saisies d’offres de fret de plus qu’au troisième trimestre 2020 – à la fin de l’année 2020, le baromètre du transport de TIMOCOM a enregistré une forte progression sur la relation Allemagne - Grande-Bretagne. La pandémie de coronavirus a poussé les européens à effectuer des achats de précaution; et les britanniques se sont préparés aux pénuries à l’approche des nouvelles formalités douanières dans le contexte du Brexit. C’est compréhensible car, au cours des trois premiers mois de l’année 2021, les saisies d’offres de fret ont diminué de près d’un tiers.

Les formalités douanières ambiguës et les lourdeurs administratives difficiles à comprendre pour les entreprises impliquées dans la chaîne de transport ont à nouveau fortement ralenti le transport routier moins d'un an après le Brexit.

«Nous n’y avons pas été préparés», se souvient Chris Hall. «Que ce soit les grandes entreprises ou les prestataires, personne n’y a été préparé. En janvier, février et mars 2021, les gens ne savaient tout simplement pas ce qu’ils devaient faire. Le problème est qu’il n’existe aucun pouvoir public capable de nous former sur ce sujet.»

Nouvelles formalités douanières en Grande-Bretagne : l’art de la prise d’initiative

Le manque d’information et l’absence de préparation à ces nouveautés de la part du gouvernement semblent effectivement être des problèmes majeurs qui continuent à préoccuper l’économie britannique. Depuis le début de l’année 2021, les dispositions applicables aux envois de marchandises au Royaume-Uni sont des dispositions relatives aux exportations vers un pays hors de l’UE. Toutefois, la situation inverse représente manifestement un défi majeur pour les entreprises britanniques: les exportations de marchandises du Royaume-Uni vers des pays d’Europe comportent de nombreuses spécificités. La gestion de ces spécificités n’est pas encore bien rodée et provoque parfois de longs temps d’attente.

L’esprit d'initiative était le seul recours des entreprises britanniques et des entreprises entretenant des relations commerciales avec le Royaume-Uni.

«En l’absence de soutien de la part de l’État, nous nous sommes formés seuls aux nouvelles règlementations douanières ainsi qu’au traitement des documents requis», explique Monsieur Hall. «Cela nous a bien évidemment permis de bien mieux comprendre les processus qu’en janvier 2021

Le savoir-faire augmente ainsi et de nouvelles routines déterminent le travail quotidien. Et surtout: Mr Hall estime que ces nouvelles règlementations ont même simplifié les processus, car son entreprise gère désormais elle-même toutes les formalités douanières.

Toutefois, les connaissances nécessaires ne semblent pas être au même niveau sur l’ensemble du territoire. Il faut donc tenir compte de temps d’attente plus longs au niveau des entrepôts et des centres de distribution.

Mr Hall ajoute: «Nous constatons des manques d’informations en matière de règlementations douanières principalement dans les entreprises Blue Chip». «Cela se répercute directement sur le délai de traitement. Et il n’est pas rare d’avoir à attendre cinq heures avant de pouvoir charger. »

Les entreprises Blue Chip citées, des entreprises cotées en bourse avec de gros volumes commerciaux, semblent toujours atteindre leurs limites. Il est difficile de prévoir la fin de cette course-poursuite pour combler ces manques et réanimer les chaînes d’approvisionnement. Les secteurs qui en souffrent le plus sont le commerce et le transport de marchandises entre le Royaume-Uni et ses voisins européens.

Débâcle douanière, formalités administratives, coronavirus: trois indicateurs clés de l’évolution négative de l’économie

Les entreprises du transport et de la logistique du Royaume-Uni devront encore supporter ces ralentissements pendant quelque temps encore. Développer une expertise dans les processus en cours est un véritable défi. Plus une entreprise est importante, plus le nombre de collaborateurs à former simultanément est important.

S’ajoute à cela une faible évolution économique récurrente en fin d’année. Une analyse du baromètre du transport de TIMOCOM révèle une baisse des saisies d’offres de fret de 32 pour cent depuis septembre 2021 à l’échelle mondiale. Cette baisse concerne également les relations entre l’Allemagne et le Royaume-Uni et inversément. En ce qui concerne les importations, les saisies d’offres de fret d’Allemagne vers le Royaume-Uni sont encore relativement élevées. Toutefois, les saisies d’offres de fret dans la bourse de fret de TIMOCOM du Royaume-Uni vers l’Allemagne sont inférieures de 71 pour cent et sont nettement inférieures au niveau international.

Qu’en est-il de la Pologne ? Des services promettant des résultats rapides suite au Brexit

Mais certaines entreprises profitent de cette sortie de l’UE pour adopter une nouvelle orientation ou proposer de nouveaux services. C’est notamment le cas du client polonais de TIMOCOM, Sped-Trans. L’entreprise propose, depuis 2011, des services douaniers. La PDG de l’entreprise, Anna Gizowska, a donc élargi son portefeuille d’offres dans ce domaine. Elle constate les difficultés rencontrées par les entreprises en matière de respect des formalités douanières, que ce soit pour les transports à destination ou au départ du Royaume-Uni.

«Outre les nombreux conseils, nous nous occupons également des formalités douanières en lien avec un transport vers le Royaume-Uni. Nous devons souvent contacter les autorités à la frontière, pour éviter les vices de forme», explique-t-elle dans son entretien avec TIMOCOM.

Tout comme Chris Hall, elle a constaté dans le cadre de son entreprise, que les personnes compétentes sur place n’ont pas été suffisamment formées et ne sont pas au courant des évolutions des règlementations.

« Notre service juridique interne répond rapidement aux questions de nos clients et se charge des formalités à leur place », explique Madame Gizowska. « Cela nous permet de faire d’une pierre deux coups: nous formons, nous aidons et nous établissons ainsi des relations durables avec les clients. Nous leur présentons des solutions optimales pour éviter à nos clients de payer des frais de douane ou taxes fiscales inutiles.»

Temps d’attente à la frontière? Règles douanières opaques? Mieux vaut faire le trajet retour à vide.

«Les très longs contrôles douaniers et la peur de délais d’attente interminables à la frontière de l’Europe peuvent inciter un prestataire de transport à faire le choix de faire le trajet retour à vide», explique Gunnar Gburek de TIMOCOM. «Cela repose sur un calcul simple. Les temps d’arrêt sont coûteux, les prix des carburants au Royaume-Uni sont élevés. Il est donc plus avantageux de n’effectuer aucun chargement pour le trajet retour

En aparté: lorsque l’on évoque les «longs délais d’attente à la frontière», les images du passage à l’année 2021 nous reviennent à l’esprit. Les files de camions de plusieurs kilomètres, en direction du port de Douvres ont fait la une des journaux pendant des semaines. Ces files de camions avaient été provoquées par la fermeture des frontières françaises, entraînant le blocage de milliers de camions en Angleterre. La peur que ce scénario ne se répète vient s'ajouter à toutes les incertitudes qui entourent les contrôles douaniers. Et ce n’est pas dépourvu de fondement, car après tout, le nombre de personnes infectées par le coronavirus en Angleterre, a également fortement augmenté. Et cela pourrait inciter une nouvelle fois le gouvernement français à fermer les frontières. La conséquence serait la même qu’il y a un an. Des chauffeurs routiers européens bloqués et qui ont l’interdiction de quitter l’Angleterre.

«Hormis le fait que les trajets à vide ne sont pas rentables et peuvent être évités grâce à une bourse de fret telle que la nôtre, la décision d’effectuer le trajet retour à vide débouche sur des problèmes encore plus sérieux», poursuit Monsieur Gburek. «En effet, des véhicules disponibles circulent sur vos routes mais les retards de livraison ne sont pas résolus. Les problèmes liés aux marchandises en vrac ou aux approvisionnements des grands magasins ne peuvent pas être résolus par des chauffeurs externes, mais ils pourraient décharger le marché du fret en Angleterre grâce au LTL ou au FTL

Cabotage sans limite: la solution contre la pénurie de chauffeurs et les retards de livraison?

Le gouvernement britannique a récemment assoupli les règlementations sur le cabotage sur son territoire, à l’exception de l’Irlande du Nord. Jusqu’au 30 avril 2022, les entreprises de transport étrangères peuvent effectuer un nombre illimité de trajets en Angleterre pendant 14 jours. L’objectif est de contrecarrer à court terme les pénuries d’approvisionnement et de chauffeurs.

Sans surprise, les oppositions à cette décision ne se sont pas fait attendre.

Toutefois, la solution envisagée va à l’encontre des projets du gouvernement d’augmenter les salaires, les qualifications et la proportion de main-d'œuvre britannique.

Le cabotage est une option à court terme mais n’est pas une solution à long terme

La limitation de l’assouplissement des règles de cabotage jusqu’au printemps 2022 n’offre qu’une solution provisoire. Certes, cette solution favorise l’approvisionnement, mais elle ne résout pas le problème de pénurie de chauffeurs dans le pays. Il manque 100.000 chauffeurs; les entreprises disposent des véhicules, mais ils sont à l’arrêt  faute de personnel. Si l’on mettait fin à l’assouplissement du cabotage, la situation resterait probablement la même. C’est la raison pour laquelle des entreprises britanniques ont récemment tenté d’attirer des chauffeurs européens en leur proposant des primes et des salaires de rêve.

«Les chauffeurs étrangers sont les bienvenus», confirme Mr Hall. «Sur ce point, rien n’a changé. Mais nombreux sont ceux qui ont peur d’être bloqués en Angleterre si les frontières venaient à être fermées à nouveau en raison du coronavirus

Mr Gburek ajoute: «La pandémie est une chose, mais les pays européens font également face à une pénurie de chauffeurs. Pour les chauffeurs, le fait de travailler pour une entreprise britannique en contrepartie d’un salaire très élevé présente naturellement un grand intérêt. Mais même en Angleterre, toutes les entreprises ne sont pas en mesure de compenser ces coûts plus élevés par les prix des transports. »

Les britanniques tentent d'attirer des chauffeurs avec des salaires de rêve mais avec des perspectives à long terme incertaines

On peut craindre que les exportations britanniques déjà faibles reculent encore davantage et que la compétitivité des britanniques baisse. En effet, les prix des transports et les salaires des chauffeurs élevés entraînent souvent une hausse des prix pour le consommateur final. Une spirale prix-salaires semble avoir été lancée et ne pas pouvoir être facilement arrêtée, et semble même irréversible.

Le fait d’attirer des chauffeurs étrangers avec des salaires élevés est donc d’abord une décision propre à l’entreprise. Mais on peut également se demander si la décision des chauffeurs d’aller travailler en Angleterre repose sur des considérations purement financières. Après tout, la règlementation du cabotage tout comme la prolongation du permis de travail a une date butoire. L’énergie requise pour cette émigration peut être très importante – en fonction des connaissances linguistiques, du logement, des connaissances du pays, de la reconnaissance des qualifications et de la durée de la mission. On peut se demander si tant d’efforts valent la peine pour quelques mois seulement.

De manière générale, le Brexit a rendu les choses compliquées pour les chauffeurs européens travaillant au Royaume-Uni, c’est pourquoi une partie d’entre eux a choisi de venir se réinstaller dans leur pays d’origine. Pour un grand nombre d’entre eux, la décision de prolonger le permis de travail jusqu’à la veille de Noël 2021 est arrivée trop tard : ils avaient déjà pris la décision de rentrer dans leur pays ou ils y étaient déjà rentrés.

Quel est l’avenir du Royaume-Uni ? L’avenir du pays est obscur

Comme le montre l’étude: pour l´instant, aucune déclaration ne peut être faite avec certitude. Quelles mesures à court terme peuvent être prises dans un avenir proche? Même le gouvernement britannique ne le sait probablement pas . Mais on constate que les mesures provisoires définies ne sont pas réalisables à long terme. Surtout lorsque ces mesures, telles que la règlementation du cabotage et la prolongation du permis de travail, ont une date d’expiration.

Les petites et moyennes entreprises vont atteindre leurs limites et vont être confrontées à de nouvelles décisions : payer des salaires élevés et embaucher moins de chauffeurs ? Cela impliquerait également de devoir immobiliser des véhicules qui ne sont peut-être pas encore remboursés. Nous ne pouvons qu’extrapoler ce scénario et arriver à la conclusion que cela ne ferait probablement qu’alimenter les retards de livraison et la pénurie de chauffeurs.

«C’est une épée à double tranchant», affirme Mr Hall. «Mais il y a un effet secondaire positif: les affréteurs ne sont plus les derniers maillons de la chaîne et sont mieux payés.» Quel rôle cette attitude positive jouera, seul l’avenir pourra le dire. L’optimisme rend beaucoup de choses plus supportables. C’est sûr.

 

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